« Trois cent soixante-cinq jours se sont écoulés depuis mon départ de Notre-Dame. J’ai fait le tour des saisons mais pas tout à fait de moi-même. Mon territoire est encore parsemé de zones inexplorées. Une année à avaler des kilomètres sur une route chaotique qui mêle splendeur et ferveur. Une année de rencontres passionnantes.
La terre est ronde mais ne tourne pas rond, comme en témoignent mes détours. Comme le disait Andrew rencontré au Caire, « nous sommes nés libres mais enchaînés de toutes parts ».
Si je devais recommencer, je commettrais plus d’erreurs pour apprendre d’avantage. Je me détendrais davantage et me laisserais porter par la houle de l’aventure. Je serais encore plus naïf que je ne l’ai été au cours de ce périple-là. Je ne prendrais rien au sérieux. Je tenterais plus ma chance encore. Je déciderais d’aller plus loin. Je traverserais plus de chaînes de montagnes et plus de déserts. J’admirerais plus de couchers de soleils et je boirais davantage de cafés et de bières. J’aborderais les filles inabordables et leur raconterais des histoires incroyables. Mon imaginaire n’inventerait plus les craintes et les peurs. Je serais de ceux qui vivent en prophète, heure après heure, jour après jour. J’ai connu de sales moments, mais si c’était à refaire j’en traverserais plus encore. En fait, je ne tâcherais de ne vivre rien d’autre que des moments, une suite de moments.
Et si je devais revivre ma vie, je commencerais pieds nus, au printemps et le resterais jusqu’à la fin de l’automne. Je serais heureux. »
Jamel Balhi, dans son livre Les Routes de la Foi, contant l’un de ses nombreux voyages en course à pied, sans sponsor, sans argent, celui-ci allant de Paris à Lhassa. Wahou, j’en reste coi.
Dans une interview : J’ai commencé à courir pour fuir. Courir pour partir. Fuir la société, fuir les choses qui ne me plaisaient pas, par refus d’une forme de société qui poussait à consommer, à vivre comme des cons, suivre des modes à la con.
Il en est une qui a vraiment fait le choix d’y aller pieds nus, c’est la magnifique Rae. En 2012, à l’âge de 18 ans, la demoiselle a couru les States, sans chaussure, d’une côte à l’autre. Avec la grâce d’une gazelle et la puissance d’un bulldozer, elle vient exploser les clichés à la dynamite. Blanche, Américaine, riche et souriante, elle nous montre combien la course pieds nus est une aventure de plaisirs et de sensations, et non pas une forme de masochisme réservée aux pauvres et aux pénitents.
Quant à moi, je ronge mon frein et constate sans rien pouvoir y faire la si lente progression de mes petits petons, encore incapables d’aligner plus de 60 bornes par semaine sans commencer à frôler la zone orange…
Quand votre esprit est étroit, les petites choses vous agitent facilement. Faites de votre esprit un océan, rien ne l’agitera plus.
Lama Thubten Yeshe (trouvé sur patgodin.com – zen/endurance)
aaaaaah, d’où le nom « dalaï lama » = « océan de sagesse »…
Je me rappelle que tu m’avais déjà parlé de Jamel, content de lire qu’il continue sa route!
4 mois plus tard : mes pieds sont désormais capables de faire 100 km de bitume / semaine, soit 14 par jour. je progresse, je progresse